L’origine de l’escalade handisport
Le concept de sport adapté apparaît dans la tête d’un neurochirurgien Allemand, le docteur Ludwig Guttmann. Cet homme est contraint de quitter l’Allemagne pour l’Angleterre en 1939. En 1944 le gouvernement Britannique lui demande de fonder au sein de l’hôpital de Stoke Mandeville le « National Spinal Injuries Center » il s’agira d’une unité spécialisée dans le traitement des blessés de la moëlle épinière. Cette initiative fait partie d’un programme de réhabilitation des soldats et des victimes de la Seconde Guerre Mondiale. En 1948 lors des Jeux Olympiques de Londres, une rencontre sportive est organisée dans cette institution : les jeux de Stoke Mandeville. Les seuls sports présents étaient le basket et le tir à l’arc, ces sports sont ceux que le docteur Guttmann utilise dans la thérapie qu’il a mise au point pour guider ses patients dans leur réhabilitation psychologique, moteur et sociale. En 1960, les premiers jeux paralympiques ont lieu à Rome. Il s’engage avec passion pour permettre aux paraplégiques et tétraplégiques d’accéder aux sports à tous les niveaux, ce qui lui vaut le surnom de « Coubertin des paralysés ». Ludwig Guttmann dirige cette unité jusqu’en 1966.
En 1988 soit 20 ans plus tard, le Comité International Paralympique connaît une réforme qui change l’impact des Jeux paralympiques. Ceux-ci deviennent un événement sportif où peuvent participer tous les sportifs, peu importe leur handicap. C’est un grand pas en avant dans l’intégration et la reconnaissance des personnes handicapées. L’handisport est né.
L’escalade se définit par l’accessibilité et ne requiert pas nécessairement beaucoup de matériel : un mur, des chaussons et le dépassement de ses peurs. L’handi-escalade existe depuis des années. Les premiers championnats du monde en difficulté ont vu le jour en 2011, à Arco en Italie. En 2014, Laval (France) accueille la première coupe du monde de bloc handisport.
Les athlètes concourent par catégories:
- Aveugle ou mal-voyant
- Amputés et handicapés physiques
- Déficients Neurologiques
La France excelle dans cette discipline : aux mondiaux de « paraclimbing » 2018 l’équipe de France s’empare de 5 médailles dont 4 en or. De plus le premier grimpeur professionnel handicapé est Français : il s’appelle Philippe Ribiere.
Cet homme handicapé de naissance comprend rapidement que le sport sera son moyen d’intégration dans la société. À l’adolescence il découvre ce sport qui devient sa passion : l’escalade. Dans cette discipline Philippe décroche une médaille de bronze aux championnats du monde handigrimpe à Arco (Italie).
D’autres grimpeurs handicapés Français comme Solenne Piret et René-Paul Eustache donnent une chance et de l’exposition à cette discipline.
Nous avons eu le plaisir de les rencontrer lors d’une soirée Handi-Escalade à Vertical’Art Rungis.
On vous partage le récit de notre rencontre avec René-Paul Eustache et Solenne Piret :
René-Paul Eustache est amputé au bras gauche après un accident à l’âge de 15ans, amoureux de la montagne il s’interroge alors sur la pérennité de sa pratique.
Il va en falaise ainsi qu’en bloc pendant 35 ans. Il demeure frustré, grimper en tête lui est impossible, c’est alors que lui vient l’idée de développer une prothèse. Il finit par la breveter !! Aujourd’hui il travaille avec l’IUT d’Annecy pour l’amélioration de ses prothèses.
L’un des principaux défis à surmonter est de se créer de nouveaux repères, de se détacher du mimétisme, René-Paul ne peut pas reproduire l’intégralité des mouvements de ses compagnons valides. « Comment je fais moi ? » Il faut se bâtir un nouveau référentiel. Ce nouveau cadre est d’autant plus difficile à trouver que René-Paul ne grimpe pas toujours avec une prothèse, il la porte dans certaines situations et pas dans d’autres.
Trouver d’autres grimpeurs avec une différence similaire pour partager ses expériences n’est pas en France chose facile. Un rassemblement international de grimpeurs handicapés a cependant vu le jour à Fontainebleau en 2016, il rassemble alors des passionnés aux différents handicapes : des sportifs aveugles, d’autres amputés d’un bras, ou d’une jambe. Ce regroupement a permis de faire se rencontrer des personnes de différentes nationalités: Japonaise, Hongroise, Américaine, Française… autour de leur passion commune.
Solenne Piret grimpe avec son handicap sans chercher à le compenser. Elle adapte son escalade à son corps en prenant compte de ses forces et de ses faiblesses. Membre de l’équipe de France d’escalade Handisport depuis quelques années, l’athlète française a décroché l’or à 3 reprises lors de championnats du monde, dans la catégorie amputée bras.
Alors, ce n’est pas évident de faire du sport et plus particulièrement de l’escalade lorsque l’on se trouve en situation de handicap, mais c’est loin d’être impossible.
Aussi s’agissant d’un sport qui mobilise l’intégralité du corps, il n’accentue que très peu l’asymétrie.
Pour citer Solenne « Si tu as envie de le faire fait le, tu trouveras toujours ton moyen. ». Sa phrase parle d’elle-même, il faut oser croire, il est possible de faire tomber les barrières.
Une tierse personne me confit que la reconnaissance à un niveau paralympique, du « paraclimbing » passe par une hausse du niveau global des participants à ces compétitions. Il faut que la discipline soit plus impressionnante et plus spectaculaire bien que l’organisation d’une épreuve handisport d’escalade aux Jeux Olympiques est une idée qui fait son chemin à la tête des institutions.
N’oubliez pas : Stay calm and go climb 😉